Le miel, remède miracle ?

Qui n’a pas reçu dans son enfance un thé au miel pour soigner un « refroidissement » (rhume, toux, maux de gorges), et qui ne continue pas à le faire encore adulte ? Très peu d’entre nous je pense. Mais ne vous êtes-vous jamais demandé si, mis à part son bon goût, le miel avait une réelle efficacité thérapeutique contre les refroidissements, et si oui, comment il agissait ? C’est ce que l’on va essayer de découvrir dans ce qui suit!

Antioxydant et antibactérien

Une importante quantité d’études prouvent les capacités antibactériennes et antioxydantes du miel1-6.

Ça veut dire quoi antioxydant et antibactérien ? Et comment ça fonctionne ?

Antioxydant

Un antioxydant est une molécule chimique capable de stopper une réaction chimique appelée oxydation. Je ne vous ferai pas de cours de chimie, mais pour vous donner une image, une oxydation peut provoquer une réaction en chaîne entre différentes molécules. Comme un domino. Un oxydant (la bille du domino) déclenche la réaction et elle peut être très destructrice. C’est pourquoi notre corps produit naturellement des antioxydants, molécules qui stoppent la réaction. Exactement comme si on enlevait une pièce du domino pour que la chaîne s’arrête.

L’oxydant déclenche la réaction en chaîne.
L’antioxydant arrête la réact犀利士 ion en chaine en enlevant un pièce.

Aussi bien les oxydants que les antioxydants sont utilisés par notre organisme. Les réactions d’oxydations sont particulièrement utilisées par nos globules blancs pour nous défendre contre les microbes, grâce à notre destructrice réaction en chaîne. Les antioxydants sont quant à eux notamment utiles pour le contrôle de ces oxydations déclenchées par nos globules blancs, pour éviter notre auto-destruction (ça serait quand-même idiot…), et peuvent diminuer l’inflammation des tissus.

Le miel contenant des antioxydants a un pouvoir anti-inflammatoire qui pourrait, comme nous le verront après, jouer un rôle dans le traitement des refroidissements4-6.

Antibactérien

Ce n’est pas compliqué, ça veut dire que ça lutte contre les bactéries. J’espère que tout le monde suit jusque-là. En ce qui concerne les mécanismes de cette activité antibactérienne, elle est due à plusieurs facteurs principaux1-3:

  1. Le peroxyde d’hydrogène
  2. La forte teneur en sucre
  3. L’acidité
  4. Autres composants

Le peroxyde d’hydrogène. Vous le connaissez probablement sous sa forme diluée à de l’eau, l’eau oxygénée. Lorsque le miel est dilué à de l’eau, du peroxyde d’hydrogène est généré. Il permet, tout comme le font nos globules blancs, d’attaquer les bactéries grâce à une réaction d’oxydation (mais oui vous savez, le domino).

Le sucre. Le miel contient environ 80% de sucre3. Une telle quantité de sucre et la faible humidité du miel permet de faire subir un stress osmotique aux bactéries. Pour l’expliquer simplement, prenons l’exemple d’une salade de fruit (oui, oui, je veux en venir quelque part, vous allez comprendre). Vous avez sûrement remarqué que lorsque vous mettez du sucre sur votre salade de fruit, beaucoup de jus en sort. Le sucre va attirer l’eau, et c’est exactement les même principe avec les bactéries. Si elles sont entourées d’un environnement sucré et peu humide comme le miel, elles risquent de « sécher ». Elles vont soit mourir, soit arrêter leur croissance.

L’acidité. Le miel est acide, avec un pH entre 3.2 et 4.51. Ce pH acide est un facteur suffisant pour arrêter la croissance de certaines bactéries.

Autres composants. De nombreuses substances ayant un rôle antibactérien ont été identifiées dans le miel. On y trouve par exemple le methylglyoxal ou la bee defensin-1, mais leurs mécanismes d’action ne sont pas totalement compris et encore très discutés.

Alors, efficace ou pas efficace ?

Nous arrivons au moment de la réponse à notre question, je suis sûr que le suspense devient insoutenable 😉 . Comme nous l’avons vu et répété, le miel a un pouvoir antioxydant et antibactérien. Mais cela nous permet-il d’affirmer qu’il a un effet sur les infections du système respiratoire ?

C’est prouvé, la consommation de miel permet de diminuer efficacement la toux7-9, et ceci est expliqué de deux manières7Premièrement par la capacité antioxydante du miel, qui pourrait diminuer l’inflammation et l’irritation des voies aériennes, et donc diminuer la toux. Et deuxièmement par la grande quantité de sucre présente dans le miel. L’hypothèse suggère que l’ingestion de substances sucrées cause une salivation réflexe et une augmentation de la sécrétion de mucus dans les voies aériennes. Cette humidification permettrait une meilleure propreté des voies aériennes et une diminution de leur irritation, et donc une diminution de la toux.

Concernant les maux de gorges, il suffit d’essayer, il est clair que manger du miel les soulage. Aucune étude sérieuse n’a été faite sur le sujet, mais la diminution de l’inflammation et le soulagement de l’irritation valable pour la toux devrait être aussi valable pour les maux de gorges. Mais ce n’est qu’une hypothèse…

Des études9 10 montrent une amélioration des symptômes du rhume lors de la consommation de miel comme mesure thérapeutique. Mais il y a encore trop peu d’études spécifiques sur le sujet pour pouvoir affirmer l’efficacité de la consommation de miel sur le rhume.

Il faut noter que la majorité des refroidissements classiques sont causés par des virus et non des bactéries. Par conséquent, le miel ayant un effet antibactérien et non antiviral, sa consommation n’aura pas d’effet sur la cause de l’infection (le virus). Il aura uniquement un effet sur les symptômes, grâce à son côté antioxydant et anti-inflammatoire.

Et pour conclure…

Au vu de ces informations, la seule chose que l’on peut affirmer, c’est qu’il est utile de consommer du miel pour faire diminuer la toux. Donc ta grand-mère avait raison, en tout cas pour la toux. Il faut toujours écouter sa grand-mère!

Il est aussi intéressant de rajouter que de nombreuses études ayant pour but de découvrir d’autres utilisations thérapeutiques du miel sont en cours. Elles concernent notamment le soin de certaines plaies, l’élimination de certaines bactéries et l’aide au traitement de certains cancers en accompagnement des chimiothérapies et radiothérapies classiques11. L’avenir nous le dira, mais ces petites abeilles ont peut-être encore beaucoup de choses à nous apporter !

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1 Mandal MD, Mandal S. Honey: its medicinal property and antibacterial activity, Asian Pacific Journal of Tropical Biomedicine 2011, vol.1, pp.154-160

2 Lusby PE & al. Bactericidal Activity of Different Honeys against Pathogenic Bacteria, Archives of Medical Research 2005, vol. 36, pp. 464-467

3 Kwakman PHS, Zaat SAJ. Antibacterial Components of Honey, IUBMB Life 2012, vol. 64, pp. 48-55

4 Chang X & al. Antioxidative, antibrowning and antibacterial activities of sixteen floral honeys, Food Funct. 2011, vol. 2, pp. 541-546

5 Erejuwa OO, Sulaiman SA, Wahab MSA. Honey: A Novel Antioxidant, Molecules 2012, vol. 17, pp. 4400-4423

6 Henriques A & al. Free radical production and quenching in honeys with wound healing potential, Journal of Antimicrobial Chemotherapy 2006, vol. 58, pp.773-777

7 Paul IM, Beiler J, McMonagle A, Shaffer ML, Duda L, Berlin CM. Effect of honey, dextromethorphan, and no treatment on nocturnal cough and sleep quality for coughing children and 犀利士 their parents, Arch Pediatr Adolesc Med 2007, vol. 161, pp.1140-6

8 Allan GM, Arroll B. Prevention and treatment of the common cold: making sense of the evidence, CMAJ 2014, vol. 186, pp. 190-199

10 Pourahmad M, Sobhanian S. Effect of Honey on the Common Cold, Archives of Medical Research 2009, vol. 40, pp.224-225

9 Fashner J & al. Treatment of the Common Cold  in Children and Adults, American Family Physician 2012, vol. 86, pp. 153-159

11 Henatsch D, Wesseling F, Kross KW, Stokroos RJ. Honey and beehive products in otorhinolaryngology: a narrative review, Clinical Otolaryngology 2015, vol. 41, pp. 519–531

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